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3 minutes pour savoir si le Venezuela est une dictature

Parce que la définition des mots est importante, il est bon de rappeler les choses correctement. Certains termes, aujourd'hui, sont de plus en plus employés n'importe comment et par conséquent, une confusion s'installe. Ce petit billet répond aux différents articles sur les médias portant sur la privation du pouvoir législatif (du Parlement) par l'Assemblée Constituante au Venezuela.


Rappelons la définition du terme dictature :

"Régime politique dans lequel le pouvoir est détenu par une personne ou par un groupe de personnes (junte) qui l'exercent sans contrôle, de façon autoritaire." - Larousse

"Régime politique dans lequel tous les pouvoirs sont entre les mains d'une seule personne." - L'Internaute


Retenons "les pouvoirs". On en distingue trois : le pouvoir exécutif (Président et ministres), le pouvoir législatif (Parlement) et le pouvoir judiciaire (Tribunal suprême de justice, pour le Venezuela).


Désormais, interrogeons-nous objectivement pour savoir si le Venezuela est en période de dictature.


- En premier lieu, Maduro possède le pouvoir exécutif comme tout président. Pour comparer à la France, c'est pareil pour Emmanuel Macron.


- En second lieu, Maduro, suite à l'article cité au-dessus, possède indirectement (via la Constituante qu'il a mise en place) le pouvoir législatif. Là-dessus, il faut être prudent. La définition de dictature indique "une personne" ou "un groupe de personnes" : à partir de quel nombre s'arrête le terme de groupe ? La Constituante représentant 545 membres, peut-on la considérer comme un groupe ? L'Assemblée Constituante peut ainsi voter par décrets sans passer par le Parlement. En France par exemple, Emmanuel Macron possède également indirectement le Parlement via sa majorité. Il peut également, et souhaite, voter par décrets. >> Qu'est-ce que l'Assemblée Constituante au Venezuela ?


- En dernier lieu : le pouvoir judiciaire. Ici également, il faut être prudent. Au Venezuela, la plus haute instance judiciaire du pays est le Tribunal suprême de justice. Actuellement, il est présidé par Maikel Moreno. La prudence est de mise par le fait que l'on ne sait pas pertinemment si ce président est aux côtés de Maduro. Bien que pendant un temps, il avait privé le Parlement de son pouvoir temporairement, cela ne signifie pas à 100% qu'il est aux côtés de l'actuel président de l'exécutif. Pour comparer à la France, le Sénat qui représente le pouvoir judiciaire n'appartient pas au groupe LREM de Emmanuel Macron. Mais ce ne serait peut-être tardé avec les élections sénatoriales au mois de septembre.


Après les pouvoirs, il faut faire attention car une dictature implique un certain autoritarisme. Il existe une répression des policiers vis à vis de l'extrême droite radicale qui manifeste violemment. Mais ce débat est encore trop complexe : peut-on reprocher à un pays de se défendre, même violemment, contre un grand nombre de personnes n'hésitant pas à faire appel à la violence ; ou faut-il laisser le pays laxiste et ne pas empêcher un coup d’État ? Il est encore trop tôt pour répondre.


Pour conclure, le Venezuela ne vit pas sous une dictature car les éléments sur le pouvoir judiciaire et l'autoritarisme (qui est très loin de celui de la Turquie avec ses purges) ne sont pas des éléments formels pour le prouver. Utiliser alors le terme de dictature ne serait que pure diffamation et de l'endoctrinement. Cependant, il faut bien surveiller l'activité du pays pour dénicher de nouveaux aspects qui pourront, peut-être, faire évoluer le statut du régime politique du Venezuela. Et si vous êtes observateur, vous avez peut-être repéré que la France est quasiment dans le même état que le pays sud-américain. Il ne manque plus que le pouvoir judiciaire et un certain autoritarisme pour que la France devienne une dictature, mais étrangement, on n'en parle pas.





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